Etrange destin que celui de Charlotte Le Bon : tout d’abord mannequin pendant huit ans, puis animatrice télé (Miss Météo sur Canal Plus), extrêmement drôle et loufoque pendant un an, puis actrice au talent dramatique remarqué depuis 2011, tout cela de manière presque simultanée et parfois concomitante, elle devient aujourd’hui réalisatrice. Falcon Lake, son premier film, très réussi, surprend par l’aboutissement de sa forme et la maturité de ses émotions. Charlotte Le Bon nous fait partager avec une grande justesse sa vision de l’adolescence, entre sensualité et isolement. Les critiques ne s’y sont pas trompés, lui décernant le Prix d’Ornano-Valenti au Festival de Deauville, ainsi que le Prix Louis-Delluc du premier film. Pourtant, derrière sa vivacité incroyable d’esprit (elle réagit au débotté à chaque phrase) et son assurance chèrement conquise grâce à la foi en son talent, se cache sans doute toujours une adolescente qui aurait voulu qu’on lui prenne la main à ce moment-là.
J’ai découvert votre film, non pas à Cannes, mais à la reprise de la Quinzaine des Réalisateurs au Forum des Images. Lors du débat, vous vous étiez complètement installée sur le plancher, assise en tailleur, très naturelle, comme si vous étiez chez vous.
Je faisais de la fièvre à ce moment-là. J’étais souffrante. J’avais la tête qui tournait et donc à un moment, j’ai dû m’asseoir. Mais j’ai un très bon souvenir de ce débat, c’était très chouette.
J’ai vraiment beaucoup aimé ce film. C’est même l’un de mes films préférés de cette année.
Oh wow, quel bel éloge!
Vous êtes une artiste éclectique, un peu multicartes, photographe...
Un petit peu, j’aime bien prendre des photos. Mais je n’oserai jamais m’autoproclamer photographe sinon en effet, j’aime bien prendre des photos.
Sculptrice aussi…
Un petit peu aussi. Mais plutôt peintre et dessinatrice, on va dire ça.
Quel est votre mode d’expression privilégié? Maintenant est-ce le cinéma?
Oh je n’ai pas de préférence. Pour moi, tout cela fait partie d’un seul et même monde qui m’habite, des sources de mélancolie qui m’habitent depuis que je suis toute petite. J’ai l’impression que j’y puise de l’inspiration pour, soit peindre, soit dessiner, soit faire de la photo, soit écrire des histoires et les réaliser. Mais pour moi, cela fait partie d’une espèce de tout qui est assez cohérent.
C’est intéressant, ce que vous dites sur la mélancolie. Quelle est pour vous la différence entre mélancolie et nostalgie?
La nostalgie, ce sont des choses en rapport au passé, quand on s’ennuie du passé, quand on y pense et qu’une douleur l’accompagne, ce sont souvent des souvenirs qui sont beaux. La mélancolie, ce n’est pas ça. C’est un sentiment qui se trouve exactement à cheval entre la tristesse et la joie. Je ne sais pas trop comment le dire. C’est pour ça que c’est une source d’inspiration puisque c’est un monde à la fois vague et très dense. C’est un état qui me définit très bien parce que j’ai ça en moi. Je pense que je n’arriverai jamais à définir exactement ce que c’est. Et c’est pour cela que je vais pouvoir l’utiliser toute ma vie pour créer. C’est mon moteur pour créer. En créant des histoires issues de cette mélancolie, j’essaie de trouver une définition à ce sentiment qui m’habite depuis toujours. Et je pense que je n’y arriverai jamais et c’est parfait.
Cela s’est un peu concentré au moment de l’adolescence? Puisque vous consacrez votre premier film à l’adolescence.
Oui, il y a beaucoup de choses qui se sont cristallisées au moment de l’adolescence, c’est vrai, et qui se sont prolongées après, parce que j’ai vécu beaucoup de solitude. Quand j’étais adolescente, socialement, je n’arrivais pas trop à me trouver. Tout ce qui compte, lorsqu’on est adolescent, c’est de pouvoir s’identifier au travers du regard des autres. Moi, j’avoue que je n’y arrivais pas, en fait. Je changeais de groupe constamment, je ne me sentais jamais vraiment à ma place. J’avais l’impression de n’avoir soit rien à dire, soit c’étaient eux qui m’ennuyaient. Cela m’a fait vivre beaucoup de solitude. C’est un passage assez doux-amer de mon existence. J’ai quand même frôlé la dépression quand j’avais seize ans. Je me rappelle que, lors de ma dernière année d’école, je tremblais et pleurais toute la journée à l’idée d’aller à l’école. Je ne pouvais pas supporter le regard des autres sur moi. Et après j’ai commencé une carrière de mannequin. J’ai dû vivre aussi énormément de solitude car je voyageais beaucoup et je me retrouvais dans des villes que je ne connaissais pas, avec des gens que je ne connaissais pas, dans un milieu que je détestais. C’étaient des périodes assez dures, assez sombres par moments, mais j’ai l’impression que je me suis beaucoup construite à travers celles-ci. Cela donne enfin ce que je suis, cela valait la peine de souffrir un petit peu.
Mais pendant votre période de mannequinat, vous vous exposiez beaucoup. Les regards étaient fixés sur vous. Vous avez quand même choisi de le faire.
Bien sûr, c’était terrible! J’ai quand même choisi de le faire car on m’avait dit que c’était une façon de faire de l’argent rapidement, d’être indépendante financièrement et de voyager. Et c’étaient effectivement des choses qui m’attiraient. Mais une fois que j’étais dedans, j’ai détesté ça. Je l’ai quand même fait pendant sept ans. Après, ce sont aussi des années où j’ai beaucoup dessiné, où c’était une façon pour moi de meubler mon ennui, ma solitude, en les remplissant des choses qui m’appartenaient et qui me nourrissaient.
Ce qui est très fort dans votre film, c’est que cela fait revivre à chaque spectateur son adolescence. Vous parvenez à montrer ce qui est à la fois charmant et enchanteur et aussi ce qui est un peu douloureux. C’est ce mélange qui est très intéressant et que vous arrivez à bien retranscrire. Vous avez fait des courts métrages?
J’en ai fait un en 2018 qui s’appelle Judith Hôtel. Je vous invite à le voir. C’est un peu bizarre, c’est un film inspiré d’un rêve que j’ai fait. J’avais une réservation dans un hôtel très privé et pour pouvoir avoir cette réservation, il fallait se débarrasser d’un corps qui se trouvait dans cette chambre. Clairement, il y avait déjà un petit côté morbide.
C’est très surréaliste. Lorsque vous avez voulu faire l’adaptation d’une BD, avez-vous voulu faire ça parce qu’il y avait d’autres exemples d’adaptations réussies de BD comme La Vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche ou Old de Shyamalan? Ou bien auriez-vous pu adapter un bouquin qui évoquait le même sujet?
Non cela n’a rien à voir avec le fait que ce soit une BD. J’ai lu l’histoire et j’ai juste été touchée. Bastien (Vivés, l’auteur d’Une Soeur), il est quand même très fort, il aborde les histoires amoureuses de manière presque sociologique. En se servant des petits replis cachés de l’humanité, il arrive à transmettre beaucoup d’émotion dans les silences, les cases vides. Cela permet à nous, lecteurs, de nous projeter d’autant plus facilement dans ses histoires. C’est une histoire d’éveil, de premiers sentiments et d’adolescents, des choses que j’ai vécues et que j’ai suffisamment digérées pour en faire quelque chose. On m’a donné le conseil pour un premier long métrage d’aller vers quelque chose qu’on connaît un peu.
La BD est très réussie mais n’est-ce pas plus facile de faire un très bon film à partir d’une BD que d’un roman? Qu’en pensez-vous?
Je ne crois pas! Il y a beaucoup d’adaptations de BD qui se sont plantées. Je ne pense pas du tout. Visuellement, le film n’a rien à voir avec la BD. Il y a quelques clins d’oeil comme la marinière que Bastien porte lorsqu’il va à la fête. Mais initialement la BD se passe au bord de la mer en Bretagne ; je l’ai transposée au Québec. Il n’y a pas d’histoire de fantômes dans la BD. Ce qui était rassurant, c’était de partir d’une structure déjà solide. Le réel défi d’une adaptation, c’est d’être capable de se réapproprier une histoire. Une Soeur, c’est une histoire qui est très personnelle à Bastien Vivés et Falcon Lake, c’est un film très intime qui me ressemble beaucoup.
J’ai un peu listé les points de comparaison : vous avez remplacé le deuil du début par une histoire de fantômes, vous avez changé la fin, mais vous avez gardé le coeur de l’histoire, le rapport et la différence d’âge entre les deux adolescents. Il existe surtout une immense différence de traitement de l’histoire. La BD possède des éléments à caractère très explicite, presque pornographique alors que vous, vous avez centré le traitement de l’histoire sur la sensualité. Cela passe beaucoup mieux au cinéma mais cela vous permet aussi de développer une vision très personnelle de l’histoire, assez différente d’une vision plus masculine.
Même le personnage féminin est très différent. Hélène, dans la BD, a quelque chose de très fantasmé, elle est très disponible sexuellement. Elle se donne très rapidement au personnage principal. Moi, dans le film, je voulais que cela reste quand même un défi. Si elle décide de partager des choses avec lui, ou de lui offrir du plaisir à la fin du film, c’est parce que quelque chose s’est installé, qu’elle lui fait confiance, qu’elle se sent en sécurité. Et pareil pour lui. Moi, cela ne m’intéressait pas du tout de faire un film qui soit cru. Je n’avais pas envie de tomber là-dedans. Souvent j’ai l’impression que les films sur la sexualité, voire sur l’adolescence, quand on fait l’amour pour la première fois, montrent les choses de manière traumatique, un peu humiliante. Je n’avais pas du tout envie de traiter de cela. J’avais envie que le sexe soit vu comme quelque chose de doux, voire même de rigolo par moments. C’est important de désamorcer par moments. Quand on fait une scène un peu intime, c’est bien de désamorcer avec un rire. Parce que c’est aussi mon expérience en tant qu’adolescente. On apprend à se connaître. Parfois c’est juste drôle. Et je pense que je n’aurais jamais fait faire à mes acteurs ce que je n’aurais pas voulu faire moi-même. Voilà, c’est aussi un regard de bienveillance.
Quand vous étiez comédienne, vous vous cachiez un peu derrière vos rôles. Tandis que, là, lorsque vous réalisez, sans vous montrer, vous exposez votre véritable personnalité.
Oui, c’est intéressant…C’est un peu paradoxal, non? Quand on est devant la caméra, on n’est pas vraiment soi-même alors que derrière, on devient vraiment nous-mêmes. Sinon, en tant qu’actrice, cela m’est arrivé d’être aussi frustrée par les rôles qu’on m’offrait ou que je décrochais. Je me trouvais de toute façon dans une optique où je voulais en faire et apprendre. J’enchaînais les rôles, sans trop me poser de questions mais je me suis souvent retrouvée dans des situations où j’avais l’impression que mon personnage était moins intéressant que moi dans la vie. Je trouvais ça nul. Si on est acteur, c’est tout de même pour incarner des personnages qui sont plus intéressants que nous, très différents, qui nous poussent à aller chercher au fond de nous des choses qu’on n’a pas envie de voir. Très vite, ça m’a lassée. Cela m’a fait vivre de la frustration par rapport au résultat fini. J’étais convaincue qu’on aurait pu trouver mille couches à ce personnage. Ce qui m’énervait, c’est que parfois, je le proposais et qu’on me le refusait. C’est déjà arrivé aussi. Enfin, c’est quelque chose que je ne veux absolument pas reproduire avec mes acteurs et avec les personnages que j’écris. On peut être tout à la fois, on peut être doux, hyper-sincère, et ensuite trahir. On peut être morbide, adorer rire et être léger. J’ai l’impression qu’on peut être beaucoup plus complexe que beaucoup de personnages que j’ai incarnés. Je pense que cela m’a donné une espèce de force.
J’ai lu que vous n’aviez pas du tout envie d’apparaître dans le film. De toute manière, si cela avait été le cas, vous auriez joué un rôle périphérique de parent. Mais si vous aviez écrit un personnage de femme de votre génération, vous l’auriez confié à une autre actrice?
Bien sûr! L’exercice de me filmer, de m’autodiriger, de m’autoévaluer et ensuite de me voir tout le temps au montage, c’est juste pas possible, ce serait vraiment un supplice! Il y a plein de films que j’ai joués, que je n’ai jamais vus. Ce n’est pas du tout ce qui m’intéresse. Si jamais un jour je le fais, ce serait parce qu’une actrice m’a planté et que je n’ai pas le choix. Mais déjà, ça prend tellement d’énergie de réaliser un film, que jouer dedans, je ne peux même pas imaginer le niveau de fatigue. Et puis surtout, jouer, cela demande de perdre le contrôle, de se laisser aller, de faire confiance au réalisateur. La réalisation c’est tout l’inverse. J’ai l’impression que ce sont deux exercices qui, pour moi, sont complètement incompatibles.
Mais par rapport à l’écriture, vous pourriez justement écrire pour vous des personnages qui seraient plus fouillés!
Oui mais je ne voudrais pas que ce soit réalisé par moi (rires)! Je veux bien écrire quelque chose pour moi si c’est réalisé par quelqu’un d’autre! En fait, je suis tellement « control freak » que si j’écris quelque chose, et que si je vois que le réalisateur s’en empare et en fait autre chose, cela va me rendre zinzin donc…Je ne suis pas le genre d’actrice qui a absolument besoin de jouer. Ma sensation de plaisir se trouve surtout dans la création, dans le fait de trouver des idées, de devoir s’adapter à des problématiques et de trouver des solutions à travers les contraintes. C’est cela surtout qui m’excite. La réalisation, c’est 100% tout ce que je viens de décrire. Je trouve que le métier d’acteur est parfois un peu trop passif. Cela ne veut pas dire que je ne vais plus jamais jouer. D’ailleurs je vais jouer dans un film au printemps {le biopic de l’artiste féministe Niki de Saint Phalle, dont Charlotte tiendra le rôle principal, biopic qui sera réalisé par une autre actrice Céline Sallette, NDLR], en tant qu’actrice et je suis capable de le faire. Mais c’est quand même un des rares rôles qui me donnent envie.
Quelle est la plus grande qualité pour vous d’un metteur en scène?
C’est la capacité de pouvoir s’adapter en permanence.
Vous parliez du non-dit, des silences dans la BD mais le film fonctionne aussi comme cela. Même s’il y a des dialogues, tout passe par des expressions, par les regards, les silences. Cela pourrait presque être un film muet.
Presque…C’est vrai. Ce sont des choses qui se sont beaucoup précisées pendant le montage. On a enlevé beaucoup de dialogues au montage. Cela parlait un peu plus au moment du tournage mais en fait, je me suis rendue compte qu’il y avait énormément de choses qu’on arrivait à faire passer par les regards et les silences. Encore une fois, moi, en tant qu’actrice, on me forçait parfois à dire des lignes alors que je savais parfaitement que je pouvais communiquer les émotions d’une autre façon. C’est aussi le fruit de discussions avec mes acteurs. J’écrivais des dialogues et ils trouvaient que cela ne sonnait pas juste dans leur bouche. Ce n’était pas parce qu’ils n’étaient pas de bons acteurs, mais parce qu’il y avait un problème dans l’écriture. Parfois on se rendait compte que, simplement, en gommant, la scène marchait quand même. Effectivement, encore une fois, l’essentiel, c’est de pouvoir s’adapter.
C’est plus efficace à l’image et comme je le dis, cela rejoint l’expressivité du cinéma muet.
Peut-être… car on arrive à se projeter dans des espaces silencieux. C’est cela, la vie, en fait. On apprend à lire les expressions des autres, on n’a pas besoin de mots à chaque fois.
Le film utilise un peu en filigrane un prétexte de cinéma de genre, une histoire de fantômes. N’avez-vous pas l’impression que le spectateur pourrait être un peu surpris en découvrant le film?
Des gens pensent que c’est juste une histoire d’adolescents et du coup, ils sont surpris par l’effet pseudo-fantastique du film. A l’opposé, certains viennent pour cet aspect fantastique et ils sont surpris par cette relation entre deux personnages. Probablement, certains seront déçus, je ne peux pas empêcher cela, mais moi, j’ai juste voulu faire un film qui me ressemble, qui soit sincère et toujours à la lisière entre l’ombre et la lumière. C’était vraiment ça, mon intention. Cette légende de fantômes vient incarner tout cela. On ne sait pas si c’est issu du fantasme ou de la réalité. C’est ce qui plane pendant tout le film, un peu à la manière de Take shelter de Jeff Nichols. A la fin, il y a en effet quelque chose qui se boucle et on comprend un peu mieux pourquoi on en a parlé pendant tout le film. Je pense que si je n’avais pas pu boucler à la fin, cela aurait été juste un élément superficiel. Le but, c’était aussi que cela puisse servir l’histoire.
Je crois que si vous tourniez Falcon Lake 2, cela ressemblerait beaucoup à L’Aventure de Madame Muir de Joseph L. Mankiewicz.
Ah je ne l’ai pas vu!
Un très beau film avec Gene Tierney et Rex Harrison…A mon avis, vous qui aimez les histoires de fantômes, vous allez adorer…
C’est vrai? Je vais regarder. Avec plaisir.
Quels sont vos metteurs en scène préférés et quel est le film que vous souhaiteriez recommander?
Mes choix de metteurs en scène préférés évoluent avec le film que je suis en train de faire. Pour Falcon Lake, les réalisateurs qui m’ont beaucoup inspiré, c’est Jeff Nichols pour Take Shelter, Luca Guadagnino aussi, pour Call me by your name, parce qu’il y avait une sobriété dans la mise en scène, entre la pudeur et le voyeurisme, qui me plaisait vraiment beaucoup, American Honey d’Andrea Arnold, que j’adore car il y avait un dynamisme hyper-claquant, adolescent, assez décomplexé et libertaire qui me plaisait vraiment beaucoup, My Summer of Love de Pawel Pawlikowski, une histoire d’amour entre deux adolescentes, tournée dans les campagnes anglaises, en 16 mm, qui m’a vraiment beaucoup inspirée esthétiquement pour le film, A Ghost story de David Lowery…
C’est ce que j’avais noté, A Ghost story, en particulier la scène du ponton. C’est ce que j’ai écrit dans ma critique de votre film, on y découvre la même sincérité des émotions, alors qu’en fait, les histoires sont complètement différentes. C’est ce que vous avez cherché et réussi à retrouver dans votre film.
Ah c’est vraiment gentil, merci…Oui, en effet, A Ghost story…On vit dans un monde parallèle où les fantômes existent sous forme de draps qui se baladent, en étant souvent incarnés par des adolescents qui se déguisent et se cachent derrière un drap. C’était important de ne pas faire du copié-collé, quand même. C’est uniquement une inspiration. Esthétiquement, visuellement, le film est sublime. Il existe dans A Ghost story, quelque chose de l’ordre du souvenir. Je me rappelle avoir eu une discussion avec David Lowery à Deauville lorsqu’il a reçu son Prix. Il m’a dit que le format de l’image, la façon de composer ses images venaient d’une volonté de créer des photos, comme dans un album photo, comme si on traversait les souvenirs de quelqu’un. C’est quelque chose qui m’a beaucoup inspirée pour Falcon Lake de par l’usage du 4/3, de par l’emploi de la pellicule. Il existe alors quelque chose de l’ordre du souvenir, d’un souvenir qu’on retraverse, comme si on était dans la tête de quelqu’un, et qu’on retraversait tout un été qui se mettrait à défiler dans sa tête.
Entretien réalisé par David Speranski le 2 décembre 2022.