107 mothers dresse le portrait de Leysan, une jeune femme enceinte qui, à la suite d’une dispute avec son mari, le poignarde. Elle va encourir une peine de sept ans d’emprisonnement. En prison, elle donne naissance à un fils. Alors qu’elle va demander de sortir plus tôt, sa demande est refusée. Elle se lance alors dans une lutte pour que son fils ne soit pas placé en orphelinat.
107 mothers retrace à travers ce portrait l’histoire de femmes accouchant dans une prison à Odessa, en Ukraine. Elles ont l’obligation de rester deux semaines en quarantaine avant de retrouver leurs enfants. Passées ces deux semaines, elles pourront les voir régulièrement, notamment pour les allaiter. A l’âge de trois ans, leurs enfants seront placés auprès de proches ou d’un orphelinat.
Si l’on pouvait craindre que l’approche quasi documentaire du film lui enlève une part d’émotions et de beauté, il n’en est rien.
107 mothers est basé sur la véritable histoire des femmes de la prison d’Odessa. Ainsi le choix du réalisateur est celui d’un quasi-documentaire, alternant entre plans fixes et enchaînement d’entretiens de certaines mères avec une geôlière. Le film permet de montrer la réalité du milieu carcéral et de son fonctionnement, dans un environnement de femmes : gardes, infirmières et détenues. Le réalisateur fait le choix de ne pas prendre des acteurs pour jouer dans son film mais de véritables gardes, infirmières, détenues, à l’exception de la protagoniste Leysa, joué par l’actrice ukrainienne Maryna Klimova.
Le film rend parfaitement compte de la dureté du traitement infligé aux détenues. Les lettres lues à voix haute, voire censurées, les séances de visite avec les enfants écourtées, les conversations au parloir écoutées, les jugements rendus par enregistrement, tout cela est montré avec froideur, 107 mothers devient un documentaire sur la vie de jeunes mères en milieu carcéral. Si nous pouvons saluer cette sincérité du réalisateur qui enseigne par le biais de son film sur une réalité trop peu connue, le film aurait pu tomber dans l’excès de dramatisation. Or, il n’en est rien. En effet, Péter Kerekes a pris le parti de mettre en scène des moments de vie extérieure d’une des employées de la prison. Si celle-ci est chargée de tâches à l’intérieur de la prison, nous la voyons également dans sa vie extérieure et notamment dans sa relation avec sa mère dont l’opinion sur le rôle des femmes dans la société est catégorique. Si 107 mothers a comme thème principal la vie des femmes derrière les barreaux, il ne se cantonne pas à cela en montrant qu’elles ne sont pas forcément mieux considérées de l’autre côté.
Si l’on pouvait craindre que l’approche quasi documentaire du film lui enlève une part d’émotions et de beauté, il n’en est rien. Ainsi l’émotion monte progressivement, ce qui donne un certain rythme au film. De la confrontation avec la mère de son mari ne lui pardonnant pas d’avoir tué son fils, l’amour des femmes pour leur enfant à qui elles souhaiteraient viscéralement pouvoir donner bien plus que quelques minutes de visite, la souffrance de la séparation suivant et clôturant chaque moment passé avec leurs enfants, l’angoisse de la sentence suite aux demandes de libérations conditionnelles dont l’enjeu n’est plus la liberté mais aussi la relation avec l’enfant qu’elles craignent de voir disparaitre, dans tous ces moments, l’émotion est bien présente, voire assez poignante. Même la gardienne, pourtant figure d’autorité, fait preuve de sensibilité et de vulnérabilité face à la situation de ces mères et de leurs enfants, comme en témoigne un passage dans lequel elle se lie avec un enfant en particulier.
RÉALISATEUR : Péter Kerekes NATIONALITÉ : slovaque AVEC : Maryna Klimova, Iryna Kiryazeva, Lyubov Vasylyna GENRE : Drame DURÉE : 1h33 DISTRIBUTEUR : Les Alchimistes SORTIE LE 14 septembre 2022