Thriller classico-classique prévisible du début à la fin, voilà en quelques mots ce qu’est Beast, le nouveau Baltasar Kormakur. Comme dans Jaws, Jurassic Park ou encore Cujo, le méchant, quelle que soit sa forme, tient tête à la mort en ressurgissant un nombre incalculable de fois, cherchant à provoquer chez le spectateur un sursaut inatteignable, étant donné qu’à force de l’attendre, il n’en est plus surpris.
Baltasar Kormakur fête les 22 ans de sa carrière de réalisateur en sortant son film Beast en août 2022. En effet, c’est en 2000 qu’il réalise son premier film, 101 Reykavik qui connaît un succès international. Il y participe également en tant qu’acteur et scénariste. Il reçoit pour son premier film, comme pour ceux qui vont suivre, des prix récompensant son travail de jeune réalisateur. Kormakur a débuté dans l’art dramatique et la mise en scène avec pas loin de douze pièces classiques et comédies musicales à son registre. Le public a célébré son habileté dans la réalisation. Après s’être fait connaître dans le milieu du film testostéroné (Contrebande, 2 guns), et les tragédies à violons (A la dérive, Everest), il se lance avec Beast dans le thriller, suivant ses codes à la lettre, tel un novice souhaitant tout bien faire.
Derrière ce thriller se cache un message animaliste et écologiste qu’on ne peut que saluer.
Venant de perdre sa femme, le docteur Nate Samuels, plein de remords pour des raisons que nous découvrons au fil du long métrage, emmène ses deux filles dans le village de naissance de son épouse en Afrique avec ses deux filles afin de les mettre au contact de la terre et des racines de leur mère. Ce trio se retrouve donc dans la brousse avec un vieil ami de la famille gardien d’une réserve. Ce repos et cette reconnexion vont se transformer en lutte pour la survie lorsque le lion, assoiffé de vengeance et unique rescapé des braconniers, se met à les traquer, voyant tous les hommes comme des ennemis à abattre.
Les rôles s’inversent et la victime ayant été agressée sur son lieu de vie, devient l’agresseur terrifiant. Soulignons cette mise en lumière de cet antagonisme terrible, comme si la bête sauvage aurait dû accueillir l’arrivée des hommes sur son territoire et la modification de son habitat avec tendresse. Ainsi derrière ce thriller se cache un message animaliste et écologiste qu’on ne peut que saluer.
Sharlot Copley incarne le gentil, l’allié des hommes, des bêtes et de la nature. Choix surprenant et audacieux d’un acteur habituellement affilié à des rôles de méchant, comme c’est le cas dans Elysium ou Maleficient. Le méchant : le lion. Rien de surprenant. Ainsi, si le choix d’une lutte entre un homme et une bête ne transcende pas en terme d’originalité, les caractéristiques propres de ces personnages font au moins exception à la règle qui semble être celle de Beast du respect presque ennuyeux des règles classiques du thriller.
Le film présente bien quelques particularités qu’on ne peut lui enlever. En effet, le long métrage ne dure que 90 minutes, ce qui est d’une rareté dans le siècle des films et séries à rallonge semblant avoir mis de côté le précepte bien connu de la préférence de la qualité à la quantité. Ainsi, on doit reconnaître à Beast son efficacité. Kormakur va droit au but, ne cherche pas à passer par de multiples détours mais simplement à remplir la fonction qui semble être celle de son œuvre : clôturer la boucle du thriller.
Pour ne pas être déçus de Beast, il faut s’y rendre avec comme seule attente celle de voir Idris Elba se battre contre un lion enragé. Scenario simplet mais scènes de combat soignées, le bilan est évident : dans Beast, Kormakur a fait le choix de perfectionner les détails en délaissant le général.
RÉALISATEUR : Baltasar Kormakur NATIONALITÉ : américaine AVEC : Idris Elba, Sharlto Copley GENRE : Thriller, drame DURÉE : 1h33 DISTRIBUTEUR : Universal Pictures International France SORTIE LE 24 août 2022