Close : près des yeux, près du coeur

En 2018, présenté dans la section Un Certain Regard, Girl a été reconnu unanimement comme la révélation du Festival de Cannes et a permis à Lukas Dhont, jeune cinéaste belge, de remporter la Caméra d’or à 27 ans. Coup d’essai, coup de maître. Quelques années plus tard, le revoici, ayant monté en grade et se retrouvant directement en Sélection Officielle dans la prestigieuse compétition. Close, son deuxième film, continue de circonscrire le domaine que Lukas Dhont s’est choisi, celui de l’indétermination du genre, du rejet scolaire et de l’exclusion, thématiques déjà présentes dans Girl, en les traitant avec un style similaire.

Deux garçons de 13 ans, le blond Léo et le brun Rémi sont les meilleurs amis du monde, inséparables, au point que certains croient qu’il existe plus que de l’amitié entre eux. Pour eux, ce n’est absolument pas le cas, jusqu’à ce qu’un jour…

Avec Close, Lukas Dhont semble vouloir continuer à être le porte-parole de l’indétermination de genre et a peut-être circonscrit un territoire qui lui appartiendra en propre, surtout à lui, dans les années à venir.

Depuis Girl, Lukas Dhont est un peu le cinéaste de l’indétermination du genre. Girl montrait un adolescent qui cherche à se faire passer pour une jeune fille et va jusqu’à prendre des cours de danse classique, s’exposant en tant que ballerine. Close reste dans ce territoire de l’indétermination, l’adolescence avec quelques années de moins que dans Girl. Cette fois-ci, il ne s’agit plus d’une personne qui veut réellement changer de sexe mais d’amis dont la tendre amitié pourrait laisser penser qu’une homosexualité latente grandit au fur et à mesure des rapprochements car ils se montrent souvent proches, très (trop?) proches.

Dhont joue avec habileté de l’ambiguïté des relations entre Léo et Rémi. Dans la première partie, ils feront presque tout ensemble, des jeux innocents aux fausses bagarres, nous prenant à témoin de leurs comportements. Le spectateur est ainsi amené à guetter des signes qui pourraient laisser penser qu’un amour naît entre eux. Cette partie relevant du non-verbal est assez brillante, Lukas Dhont la traitant comme dans Girl, de manière hachée et elliptique. Stylistiquement, Dhont se trouve ici de manière assez passionnante à mi-chemin entre les Dardenne pour le côté caméra au poing, Terrence Malick pour l’écriture fragmentée et Xavier Dolan en ce qui concerne une certaine énergie relevant de la jeunesse. La réaction des autres camarades, en particulier des filles, sans être violente, est du même ordre que dans Girl, une moquerie teintée de rejet implicite, ce qui est montré dans une excellente séquence à la cantine.

Dans la seconde partie, Dhont se concentre surtout sur l’ange blond Léo, un succédané androgyne du Tadzio viscontien de Mort à Venise et de Lara, la ballerine de Girl, c’est-à-dire une sorte d’ange exterminateur qui ne se rend pas compte de son pouvoir de séduction. Léo s’était montré le plus virulent pour nier la nature de l’attachement qui le lie à Rémi, ne paraissant éprouver aucun doute à ce sujet. Il va devoir essayer de comprendre que cette amitié était peut-être d’un autre ordre qu’il ne le pensait. Malheureusement, la seconde partie du film finit par sombrer dans un pathos mélodramatique et une musique emphatique surlignante qui dessert l’émotion qui pouvait surgir à ce moment du film, émotion incarnée surtout par le beau personnage de Sophie, la mère de Rémi, interprétée magistralement, comme à son habitude par Emilie Dequenne.

Avec Close, Lukas Dhont semble vouloir continuer à être le porte-parole de l’indétermination de genre et a peut-être circonscrit un territoire qui lui appartiendra en propre, surtout à lui, dans les années à venir.

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RÉALISATEUR :  Lukas Dhont 
NATIONALITÉ : belge 
AVEC : Eden Dambrine, Gustav De Waele, Emilie Dequenne, Léa Drucker 
GENRE : Drame 
DURÉE : 1h45 
DISTRIBUTEUR : Diaphana distribution 
SORTIE LE 1er novembre 2022