En 1982, Tron de Steven Lisberger a été considéré comme innovant, en proposant une plongée dans l’univers virtuel et les méandres de l’intelligence artificielle. Reconnaissons-le, en dépit de sa qualité artistique moyenne, le film avait des décennies d’avance, au point qu’une suite a été mise en oeuvre en 2010, presque quarante ans plus tard, Tron : l’héritage. Aujourd’hui, depuis deux ou trois ans, l’intelligence artificielle se trouve dans toutes les conversations. C’est donc l’occasion de relancer une nouvelle fois cette franchise, cette fois-ci qui n’a jamais été davantage au goût du jour. Essayant de mettre tous les atouts de son côté (casting à la mode, musique électro-techno, photographie impressionnante), Tron : Ares représente donc une tentative tardive de se réapproprier cette thématique dont pourtant la franchise est à l’origine.
En 2024, 15 ans après que Sam Flynn a tenté de sauver son père Kevin de la Grille. ENCOM, présidée par Eve Kim, et Dillinger Systems, dirigée par Julian, petit-fils de l’ancien dirigeant d’ENCOM Ed Dillinger, se livrent à une course effrénée pour donner vie aux programmes numériques. La PDG d’ENCOM, Eve Kim, et son partenaire Seth Flores se rendent dans une station isolée en Alaska, mise en place par Kevin Flynn il y a plusieurs décennies, convaincus que ses ordinateurs contiennent le « code de permanence » permettant de briser la barrière des 29 minutes qui maintient en vie les programmes. De son côté, Julian Dillinger envoie Ares, un programme informatique très sophistiqué, dans le monde réel pour une mission dangereuse.
En dépit d’une distribution plutôt convaincante, d’effets spéciaux spectaculaires, d’une bande-son détonante et d’une direction artistique magistrale, Tron : Ares laisse un souvenir plutôt mitigé, en raison d’une scénarisation « défaillante ».
En 1982, Tron avait de l’avance sur son temps. Aujourd’hui, ce qu’on pouvait espérer, c’est que Tron : Ares trace de nouvelles pistes sur l’intelligence artificielle. Le point saillant de ce nouveau volet est assez intrigant : il s’agit cette fois-ci non pas de permettre aux humains de pénétrer un univers virtuel mais de laisser les programmes informatiques envahir notre monde. Ce point de vue original ne donne pourtant pas des résultats éblouissants à l’écran. Alors que la réflexion sur l’intelligence artificielle pouvait engendrer des développements passionnants sur l’altération de l’identité ou de l’image, ou sur la surpuissance des capacités, Tron : Ares se contente de remplacer les androides par des programmes d’intelligence artificielle et de ressortir le vieux plan des années 80-90 des films de James Cameron, Terminator-Terminator 2. Par conséquent, par rapport à la thématique en cours, le film affiche scénaristiquement trente ou quarante ans de retard et paraît sans cesse à la traîne de ses effets spéciaux et de sa direction artistique.
Car la direction artistique du film et l’ensemble de ses effets spéciaux sont très impressionnants, en particulier une séquence dantesque de poursuite à moto ou tous les moments de dissolution des programmes arrivés au terme des 29 minutes de vie dévolues. La coloration rouge assez dominante est très marquante, tout comme le principe du compte à rebours s’avère très efficace, d’un point de vue dramatique. Malheureusement, à côté de ces éléments esthétiques de pointe, Tron : Ares doit se coltiner un scénario vieillot et dépassé. Ce qui fait qu’on a l’impression que deux films cohabitent en un : l’un moderne par ses effets spéciaux et son principe de mise en scène, et l’autre poussif par son scénario et son intrigue, et que le second doit sans cesse courir après le premier. Cette dichotomie est incarnée à l’écran par la cohabitation de Jared Leto, inexpressif au possible, faisant regretter l’humour d’un Schwarzenegger, et de Greta Lee, transfuge du cinéma indépendant américain (Past Lives) qui n’a pas assez d’espace narratif pour développer une histoire assez intéressante de rivalité/rapport familial avec sa soeur décédée. En l’espèce, cela tient aussi au fait que Joachim Rønning (Maléfique : le Pouvoir du Mal) soit bien davantage un faiseur qu’un conteur, laissant ainsi beaucoup d’arrière-plans dramaturgiques inexploités.
Par conséquent, en dépit d’une distribution plutôt convaincante (Greta Lee, Evan Peters, Jodie Turner-Smith), hormis un Jared Leto relativement absent, d’effets spéciaux spectaculaires, d’une bande-son détonante (Nine Inch Nails ne déméritant pas trop face à la bande-originale mythique des Daft Punk) et d’une direction artistique magistrale, Tron : Ares laisse un souvenir plutôt mitigé, en raison d’une scénarisation, comme on le dit dans le film, « défaillante ».
Note : 3/5.
RÉALISATEUR : Joachim Rønning
NATIONALITÉ : américaine
GENRE : science-fiction, action
AVEC : Jared Leto, Greta Lee, Evan Peters, Gillian Anderson, Jodie Turner-Smith, Jeff Bridges
DURÉE : 1h59
DISTRIBUTEUR : The Walt Disney Company France
SORTIE LE 8 octobre 2025