Totems : l’espion qui m’aimait

Arrivée en fanfare le 18 février dernier sur Prime Video, la série d’espionnage française Totems a su créer l’événement à grands renforts de spots publicitaires et de campagne marketing. Cette commande de la plateforme a été confiée aux scénaristes Olivier Dujols (Le Bureau des légendes) et Juliette Soubrier (Zone blanche). Avant sa sortie, la série a fait partie de la sélection officielle du festival Canneséries pour sa quatrième édition en 2021 mais est malheureusement repartie bredouille.

En pleine guerre froide, Francis Mareuil, jeune ingénieur en aérospatial, est recruté par les services secrets français et la CIA pour entrer en contact avec un astrophysicien russe. A Berlin-Est, le lieu choisi pour une première approche, il fait la connaissance de Lyudmila Goloubeva, fille du scientifique soviétique, contrainte pour sa part à collaborer avec le KGB. L’attraction entre les deux jeunes gens est immédiate et ce qui devait être une démarche patriotique devient bientôt une affaire personnelle.

La production n’a pas lésiné sur les moyens pour nous offrir une fresque historique ambitieuse et parfaitement maitrisée bien que souffrant d’un certain manque d’originalité.

L’intrigue, plutôt bien menée, nous fait voyager dans différents décors et ambiances en mélangeant habilement politique, suspense et romance. Si on se laisse facilement emporter par le récit d’espionnage riche en rebondissements, on est en revanche beaucoup moins convaincu par l’histoire d’amour qui n’évite pas quelques poncifs. La rencontre dans l’épisode pilote est pour le moins emblématique : le premier échange de regards de nos deux héros à travers un hologramme de la lune n’est pas sans rappeler la cultissime séquence de l’aquarium dans le Roméo + Juliette de Baz Luhrmann (1996).

La première chose qui nous frappe au visionnage de Totems c’est le soin apporté à la mise en scène. Les trois réalisateurs à l’oeuvre dans cette première saison – Jérôme Salle (Anthony Zimmer, Largo Winch, Zulu), Antoine Blossier (Rémi sans famille) et Frédéric Jardin (Braquo, Engrenages) – nous proposent une parfaite reconstitution de la France des années 60 et du monde qui l’entoure, le tout sublimé par des plans léchés et des angles de prise de vue audacieux. La production Gaumont n’a pas lésiné sur les moyens pour nous offrir une fresque historique ambitieuse et parfaitement maitrisée bien que souffrant d’un certain manque d’originalité.

Servie par un casting trois étoiles réunissant de nombreuses stars du cinéma, la série est jalonnée de performances convaincantes. Dommage que ces acteurs expérimentés ne parviennent pas à sortir du cadre des caricatures qu’ils incarnent. On retrouve dans Totems toutes les figures incontournables du film d’espionnage – la jeune recrue (Niels Schneider), le baroudeur en proie à ses vieux démons (José Garcia) et la figure paternelle aux intentions troubles (Lambert Wilson) – sans que jamais les créateurs ne cherchent à créer de nouveaux profils.

Pour marquer de son empreinte le catalogue de la plateforme, il aurait fallu que la série montre une réelle volonté de casser les codes du genre en reprenant tous ses clichés pour mieux les détourner. Si le fond quelque peu téléphoné ne fera pas l’unanimité, il reste la beauté de la forme qui mérite à elle seule notre attention. Totems n’a certes pas révolutionné la série d’espionnage mais lui a tout de même rendu un bien bel hommage.

3.5

CREATEURS :  Olivier Dujols, Juliette Soubrier
NATIONALITÉ : Française
AVEC : Niels Schneider, Vera Kolesnikova, José Garcia
GENRE : Espionnage
DURÉE : 8x 52mn
DISTRIBUTEUR : Amazon Prime Video
SORTIE LE 18 février 2022