Comme souvent, mon temps passé à couvrir les sorties de patrimoine font que je ne vois que très peu de nouveautés, ou bien trop tardivement pour en constituer un top de fin d’année. Ainsi, je propose à la place un top 10 de mes découvertes 2023 de patrimoine préférées, le plus souvent vues en vidéo et avec donc la précision du moyen de découverte, afin que les curieux puissent y jeter un oeil.
1. Fucking Amal, de Lukas Moodysson (paru en Angleterre dans le coffret Arrow consacré à Lukas Moodysson) : film initiatique autour d’Elin, jeune Suédoise de quinze ans en plein ennui adolescent dans la ville la plus chiante du monde (pour elle), et qui va doucement s’émanciper auprès d’Agnes, plus timide, que l’on dit lesbienne.
2. L’ange rouge, de Yasuzō Masumura (paru chez The Jokers) : incroyable drame de guerre japonais sur l’enfer de la guerre vu de « l’arrière » du front, où une jeune infirmière se retrouve confrontée directement à la folie guerrière des hommes (avec un petit h). Un film pétri d’humanité mais aussi d’un pessimisme fou.
3. Festen, de Thomas Vinterberg (paru aux USA chez Criterion) : premier film du Dogme 95, le film de Vinterberg dynamite la petite bourgeoisie bien propre sur elle malgré ses secrets de famille bien gardés.
4. The Grey Fox, de Phillip Borsos (paru chez Carlotta) : western dans la froideur canadienne (pied-de-nez à l’usuelle chaleur américaine de très nombreux westerns US) et d’une incroyable tranquillité, jamais ennuyeux mais au contraire passionnant par cette tentative plus ou moins difficile de reconversion post-judiciaire, et l’impossibilité chez certains de se poser.
5. Working Girls, de Lizzie Borden (paru aux USA chez Criterion) : excellente plongée dans le milieu de la prostitution « propre », que Borden exploite pour mieux déployer une lecture critique des procédés capitalistes marchandisant jusqu’au corps des femmes, et y structurant comme partout ailleurs des places de pouvoir et des personnes le subissant.
6. Nous sommes tous en liberté provisoire, de Damiano Damiani (paru chez Artus) : film-quasi-plaidoyer ultra critique du système carcéral mais aussi de la corruption d’une Italie des années de plomb.
7. Gregory’s Girl, de Bill Forsyth (paru en Angleterre chez BFI) : classique de la comédie initiatique britannique, le film de Forsyth est peut-être un peu cliché, en un sens, sur l’usage de certains archétypes mais s’avère un efficace funambule entre les différents personnages et leurs parcours personnels.
8. Iron Monkey, de Yuen Woo-ping (paru chez Metropolitan) : on l’oublie parfois, mais Iron Monkey est un fabuleux divertissement HK d’arts martiaux, parfait mélange d’histoire tous publics (variante HK de Robin des bois), d’humour bon enfant et de scènes d’action particulièrement efficaces. Tout va à 100 à l’heure, sans jamais perdre le spectateur ni le noyer.
9. Le pot d’un million de ryos, de Sadao Yamanaka (projeté au Festival Lumière) : petit bijou d’humour grand public, fait de multiples quiproquos et autres petites bassesses de la troupe de personnages gentiment râleurs et toujours un peu en retard sur le trajet du fameux pot, le tout dans un film au rythme très enlevé.
10. Récit d’un propriétaire, de Yasujiro Ozu (projeté aussi au Festival Lumière, paru en Angleterre chez BFI, actuellement en rétrospective et prochainement en vidéo chez Carlotta) : Ozu rate que très rarement sa cible, et livre ici en à peine 1h12 une comédie dramatique très touchante, où les conséquences de la guerre sont partout (maisons en ruine, chômage élevé, et gamins orphelins). allant à l’essentiel sans se répéter, jusqu’à son final particulièrement émouvant.