Pour l’éternité est une comédie romantique du réalisateur irlandais David Freyne, également connu pour The Cured (2017) et Dating Amber (2020). Après une histoire irlandaise LGBT pleine d’esprit dans son précédent film, Freyne se tourne ici vers un format plus conventionnel : Pour l’éternité repose sur des clichés assez prévisibles du genre et ensevelit les idées initiales lumineuses du scénario sous l’esthétique brillante et colorée typique des productions A24.
Un couple âgé, qui a passé plus de soixante ans ensemble, est au centre du film. Peu après leurs morts successives, aussi soudaines que rapprochées, tous deux se retrouvent dans une sorte de purgatoire, où ils doivent décider de la destination de leur « éternité » — qu’il s’agisse d’une plage paradisiaque, de montagnes propices à une vie retirée et paisible, ou de toute autre option proposée par l’établissement où ils séjournent. Comme aucun retour n’est possible une fois la destination choisie, les âmes disposent d’une semaine pour se décider. Larry (Miles Teller), mort le premier, s’apprête à prendre son train, espérant que sa femme le rejoindra ensuite, mais juste avant son départ, il croise Joan (Elizabeth Olsen), décédée peu après lui. Alors que le couple se prépare à partir ensemble vers son éternité, le premier mari (Callum Turner) de Joan apparaît soudain. Mort pendant la guerre peu après leur mariage, il a choisi de rester dans le purgatoire et d’y attendre sa femme, travaillant comme barman. Joan se retrouve ainsi face à un dilemme : rester avec l’homme avec qui elle a partagé plus de soixante ans de vie, faite de hauts et de bas, ou choisir celui dont l’amour est resté inaccompli et qui, pour cette raison même, continue de la hanter jusque dans l’au-delà.
Pour l’éternité demeure donc captivant dans ses intentions, mais décevant dans la manière dont elles sont exprimées.
Les collisions qui s’ensuivent entre les trois personnages, accompagnées avec bienveillance mais aussi une certaine impulsivité par leurs conseillers personnels (particularité propre au purgatoire du film), ouvrent la voie à une longue immersion dans le passé de chacun. Et bien que ces souvenirs ressurgissent pour orienter l’avenir, ou l’éternité à venir, le film porte avant tout un regard sur les regrets et les tristesses que les êtres humains conservent en eux tout au long de leur vie. Ainsi, le décor du film, bien que profondément enchanteur par ses couleurs vives, ses décors rappelant Wes Anderson et sa photographie luxuriante, renvoie à une réalité profondément humaine et peut dès lors être compris comme un espace de réflexion : la rancœur en valait-elle la peine, la monotonie de la vie conjugale est-elle plus douce que les aspirations d’un amour inaccompli, les souvenirs que Joan considérait comme les plus heureux de sa vie l’étaient-ils réellement ?
Toutes ces questions trouvent finalement une réponse, mais d’une manière qui aplanit les qualités narratives du film. Le récit semble parfois trop prosaïque, comme si le public avait besoin de davantage de stimulations cinématographiques pour ne pas s’ennuyer — entre blagues faciles, vision marchandisée de l’au-delà et nombreux rebondissements artificiellement imprévisibles. Ainsi, la forme générale ne s’accorde pas avec le fond, et le film, malgré des idées initialement audacieuses, finit par imiter une comédie américaine banale, laissant le potentiel de son histoire inexploité. Dans la tradition catholique, le purgatoire est perçu comme un lieu où les âmes sont purifiées de leurs péchés afin d’être prêtes à accéder au paradis. En fin de compte, cela aurait pu constituer une lecture pertinente du film de Freyne, si ce n’avait pas été si cliché et vulgarisé par une interprétation trop littérale de sa dimension symbolique. Pour l’éternité demeure donc captivant dans ses intentions, mais décevant dans la manière dont elles sont exprimées.
RÉALISATEUR : David Freyne
NATIONALITÉ : U.S.A.
GENRE : Comédie, Romance
AVEC : Elizabeth Olsen, Miles Teller, Callum Turner
DURÉE : 1h 54min
DISTRIBUTEUR : Metropolitan FilmExport
SORTIE LE 3 décembre 2025


