Paris International Fantastic Film 2022 : retour sur les dernières projections

 La 11ᵉ édition du PIFFF s’est achevée le lundi 12 décembre 2022, avec tout d’abord la deuxième projection de Fixation, de Mercedes Bryce Morgan. Emmené par une impressionnante Maddie Hasson (Malignant de James Wan), ce film propose une promenade dans les recoins labyrinthiques de l’aliénation. Dérangeant et mystérieux, Fixation est une variation réussie sur le thème de la folie. Se situant dans la lignée de Shock Corridor de Samuel Fuller, l’œuvre de Mercedes Bryce Morgan se démarque par une habilité certaine à décrire le schéma de la démence dans ses moindres détails. Cette plongée dans le psychisme délirant d’une patiente internée dans un hôpital psychiatrique retourne l’esprit, devient immersive, mélange le réel et l’irréel, pour produire finalement une petite pépite du cinéma fantastique. Ce huis clos angoissant prend pour décor le cerveau humain, qui devient alors une sorte d’antre de la folie dont la réalisatrice montre les pires déviances.   

Ensuite, Good Boy, de Viljar Boe, met en scène une autre forme d’insanité, centrée sur la manipulation et la domination.  Avec ce thriller teinté d’horreur, le cinéaste norvégien raconte l’histoire d’une jeune femme prise au piège d’un psychopathe aimant transformer les humains en animaux domestiques. Déguisant ses victimes en chiens et les forçant à adopter les attitudes canines, ce personnage hautement antipathique prend du plaisir dans l’extrême humiliation ainsi que dans la déshumanisation. Good Boy possède un scénario original. Le titre peut prêter à sourire, mais les rires disparaissent au profit d’un sentiment angoissant, ce récit devenant une véritable définition des tendances psychopathiques. Rythmé, sans temps mort, ce film présenté hors compétition mérite des distinctions.  

Pour finir cette journée cinématographiquement tétanisante, le PIFFF a choisi de projeter Caligula, film de Tinto Brass devenu culte. Particulièrement atypique, ce morceau de cinéma aux accents pornographiques, produit par Penthouse et Bob Guccione, exprime toute la décadence de l’empereur Caligula, interprété par un fantasque Malcolm Mac Dowell. Le grandiose des décors complète une mise en scène rappelant les péplums italiens de Riccardo Freda. Sous-estimé, considéré comme un nanar par certains, le film gagne en qualité au fur et à mesure des minutes. Délire hypnotique et visuel, Caligula reste une œuvre à part dans le cinéma, qui n’eut cependant pas le succès que Tinto Brass attendait.