Montre jamais ça à personne partie 2 : petit guide du processus créatif d’Orelsan

Un an tout juste après la sortie de sa série documentaire Montre jamais ça à personne relatant l’ascension de son frère, le rappeur Orelsan, et ses potes, Clément Cotentin nous dévoile sa suite. Dans cette deuxième partie très attendue, il décortique les différentes étapes de la création de son dernier album Civilisation « du premier mot écrit à la dernière note jouée ». Un opus qui a battu tous les records de vente : disque d’or avant même sa sortie, disque de diamant le plus rapide de l’histoire du rap français et album le plus vendu en France en 2021.

On peut découper cette nouvelle salve d’épisodes en deux grands chapitres. Un premier sous le signe de la pandémie, et donc très introspectif, où Orelsan écrit seul dans sa maison près de Caen et se questionne sur son avenir dans le rap. Et un second plus animé où il est rejoint par ses comparses de toujours Skread et Ablaye, plus d’autres petits nouveaux comme le producteur de musique Phazz, pour construire son album de toutes pièces avec un timing très serré.

Au-delà de la trajectoire spécifique d’Orelsan, le documentaire peut se lire comme une étude passionnante de la création artistique.

La structure de cette deuxième partie est très semblable à celle de la première, même si sa durée est moins conséquente – 4 épisodes contre 6. On retrouve le même découpage efficace où chaque épisode se termine sur un twist nous poussant à poursuivre le visionnage. Des épisodes qui sont, une nouvelle fois, nommés d’après des paroles extraites des chansons d’Orelsan, mais cette fois-ci, bien sûr, exclusivement issues de son dernier album Civilisation. Pas d’innovation donc du côté de la forme mais une continuité stylistique qui permet de lier les deux parties.

Du côté du contenu, bien que connaissant la finalité de l’histoire – à savoir un album auréolé de succès – le spectateur est tenu en haleine grâce à de nombreux rebondissements. Pour exemple, l’épisode 3 intitulé « Faut qu’on reboot, faut qu’on reset » (extrait du titre L’odeur de l’essence) où Orelsan a perdu toutes ses notes Apple. Sorte de bibliothèque de ses pensées réunissant des idées de thèmes et des bribes de chansons, ces notes sont la base même de son processus créatif et leur perte constitue donc un retournement de situation tragique dans le déroulé de l’action.

Exploration de la création de A à Z, cette deuxième partie nous donne à voir les difficultés et les obstacles à surmonter pour accoucher d’une œuvre. Au-delà de la trajectoire spécifique d’Orelsan, le documentaire peut se lire comme une étude passionnante de la création artistique. On y découvre les doutes d’un artiste, ses tâtonnements (une centaine de chansons écrites pour une quinzaine sélectionnées) et l’importance, comme dans la première partie du documentaire, du travail en équipe. Comme le dit le proverbe africain «tout seul, on va plus vite ; ensemble on va plus loin ».

L’annonce officielle a été faite lors de la promotion, cette deuxième partie sera bien la dernière. Et c’est tant mieux, car Clément Cotentin nous a offert un documentaire très exhaustif sur son frère, retraçant son parcours et sa manière de travailler dans le moindre détail. A trop vouloir tirer sur la corde, la série aurait fini par perdre son petit supplément d’âme pour devenir un simple produit marketing. Montre jamais ça à personne s’achève sur une note positive qui lui permet de figurer parmi les documentaires musicaux les plus réussis.

4

RÉALISATEURS :  Clément Cotentin, Christophe Offenstein
NATIONALITÉ : Française
AVEC : Orelsan, Skread, Ablaye, Phazz
GENRE : Documentaire musical
DURÉE : 4x 41mn
DIFFUSEUR : Amazon Prime Vidéo
SORTIE LE 13 octobre 2022