Lingui : la splendeur du système patriarcal

Le cinéma africain apparaît très sporadiquement à Cannes. Cette année, Mahamet-Saleh Haroun le représente. Avec Lingui, c’est une sorte de conte, d’apologue exemplaire qu’il nous présente, sur la manière dont le système patriarcal domine de façon outrageuse en Afrique, alors qu’il le fait de façon beaucoup plus insidieuse en Occident. Une leçon de choses bien utile qui plus est, tournée en pleine lumière.

Lingui montre le combat des femmes en Afrique, bien plus difficile qu’en Occident, pour faire respecter leurs droits, ce qui renvoie en écho à la difficulté extraordinaire que les femmes occidentales ont déjà de se faire respecter.

Dans les faubourgs de N’djaména au Tchad, Amina vit seule avec Maria, sa fille unique de quinze ans. Son monde déjà fragile s’écroule le jour où elle découvre que sa fille est enceinte. Cette grossesse, l’adolescente n’en veut pas. Dans un pays où l’avortement est non seulement condamné par la religion, mais aussi par la loi, Amina se retrouve face à un combat qui semble perdu d’avance…

Lingui montre le combat des femmes en Afrique, bien plus difficile qu’en Occident, pour faire respecter leurs droits, ce qui renvoie en écho à la difficulté extraordinaire que les femmes occidentales ont déjà de se faire respecter. Face à elles, quel que soit le pays, le système patriarcal où les hommes bénéficient d’un droit de cuissage incontesté. Il ne faudra donc pas si longtemps à Amina pour retrouver celui qui a mis sa fille enceinte. Mahamet-Saleh Haroun filme cette histoire d’humiliation et de revanche avec une extrême douceur, due en grande partie au climat ensoleillé de son pays. Amina montre l’exemple à ses soeurs de tous les pays en réagissant à l’offense.

On retiendra de plus les paroles de Mahamet-Saleh Haroun à l’avant-première de son film à Cannes : « quand je suis venu la première fois à Cannes, je me suis retrouvé tout en haut, au dernier rang du balcon du Grand Théâtre Lumière. Je souhaite qu’un jeune en haut puisse un jour se retrouver en bas, à l’orchestre, à ma place, en train de présenter son film.  » Un message d’espoir conforme à l’esprit de son film.

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RÉALISATEUR : Mahamet-Saleh Haroun
NATIONALITÉ : tchadienne 
AVEC : Achouackh Abakar, Rihane Khalil Alio , Youssouf Djaoro
GENRE : Drame 
DURÉE : 1h27 
DISTRIBUTEUR : Ad Vitam 
SORTIE LE 8 décembre 2021