Les goûts et les couleurs : une douce comédie laissant place à l’oubli

La lutte des classes fut une réussite certaine pour Michel Leclerc au moment de sa sortie en 2019. Trois ans plus tard, c’est cette fois-ci avec Les goûts et les couleurs que le réalisateur réapparaît. Dans l’un ou l’autre film, le même sujet sous tend les deux récits : la confrontation des classes sociales . Ainsi, le dernier film de Michel Leclerc ne vient que confirmer ce que l’on pensait déjà : le réalisateur est, avant toute chose, un sociologue.

Les goûts et les couleurs est le récit de Marcia, une jeune chanteuse passionnée et déterminée, qui réalise le rêve de toute artiste fan : enregistrer un album avec son idole. Or, Daredjane, icône rock des années 1970, va disparaitre sans crier garde. L’album est enregistré mais sans son accord, Marcia ne peut le publier. Elle a entre ses mains la boîte de la réussite mais a perdu les clefs pour y accéder. Elle se lance alors dans une tentative de persuasion d’Anthony, l’ayant-droit de Dardejane. Mais leur relation ne s’arrêtera pas à la lutte pour l’obtention des droits, et débutera alors une histoire d’amour tourmentée.

Néanmoins, Les goûts et les couleurs demeure une réussite très éphémère, de celles qu’on a trop vite fait d’oublier.

Les goûts et les couleurs est ainsi une œuvre de sociologie. C’est l’histoire de la lutte des classes dans la société française qui est racontée à travers ce récit. Or le réalisateur coordonne avec une parfaite habilité son regard de sociologue et sa qualité de cinéaste. Ainsi c’est à travers une comédie à la fois drôle et légère sur l’univers de la musique que Michel Leclerc peint une image de la lutte des classes. Sur ce fond de sociologie, Michel Leclerc rentre dans les profondeurs du monde de la musique et de son industrie, en parlant de l’oubli et de la nostalgie. Ainsi, le réalisateur a-t-il choisi un thème pour en raconter un autre. Mais il ne faut pas passer à côté : la musique ne sert que d’intermédiaire pour traiter d’une question de classe bien plus profonde. Le film se révèle être une douce comédie sur un ton d’amertume, une critique du milieu de la musique mais bien au-delà, du système dans son ensemble.

Néanmoins, Les goûts et les couleurs demeure une réussite très éphémère, de celles qu’on a trop vite fait d’oublier. On peut reprocher au récit son classicisme exacerbé : une jeune groupie atteignant l’impossible mais qui verra un obstacle se mettre en travers de son chemin, obstacle qui lui permettra de vivre une belle histoire d’amour. Lorsque l’on sort de la la salle, Les gouts et les couleurs est vite oublié, non qu’il soit un mauvais film, mais il appartient à ces films légers, peu ambitieux qui ne marquent pas et tombent dans le profond fossé de l’oubli.

Pour passer un bon moment, ou faire passer le temps, Les goûts et les couleurs est le film idéal. Pour marquer en revanche l’univers du cinéma, apporter un regard et un style nouveau, et pourquoi pas révolutionner les choses, Les goûts et les couleurs est un échec probant.

2.5

RÉALISATEUR :  Michel Leclerc
NATIONALITÉ : Français
AVEC : Rebecca Marder, Félix Moati, Judith Chemla, Philippe Rebbot, François Morel
GENRE : Comédie dramatique 
DURÉE : 1h50
DISTRIBUTEUR : Pyramide Films
SORTIE LE 22 juin 2022