Les Anneaux de Pouvoir : une série pour les endormir tous

Annoncée en novembre 2017 avec l’achat par Amazon des droits TV du Seigneur des Anneaux pour la modique somme de 250 millions de dollars, la première saison des Anneaux de pouvoir est enfin disponible sur Amazon Prime. Composée de huit épisodes plus ou moins intéressants, la série développe avec beaucoup de liberté l’univers de Tolkien et plus particulièrement le Silmarillion. Cette première saison terminée, nous pouvons donc juger l’ensemble.

Avant de s’attaquer au scénario, penchons-nous d’abord sur le visuel et la mise en scène. Disposant d’un budget de 60 millions de dollars par épisode, la série profite pour en mettre plein la vue. Que ce soit les costumes, l’ambiance ou les détails employés à chaque décor, tout est mis en place pour nous faire ressentir la vie de cet ensemble. On sent que les showrunners ont souhaité rester fidèles au style visuel de Peter Jackson sur les trilogies Seigneurs des Anneaux et du Hobbit, tout en proposant en même temps quelque chose de nouveau. C’est d’ailleurs un des points positifs, car si un épisode est insatisfaisant, le tout reste compensé par l’univers visuel. Que ce soit en pleine mer, en forêt, dans la cité de Númenor ou même celle de Khazad-dûm, on ne peut que saluer l’effort et le soin apportés à la Terre du Milieu. La musique n’est pas en reste. Composé par Howard Shore pour l’intro et Bear McCreary pour le reste, l’ensemble est efficace et accompagne parfaitement ce qui se passe à l’écran.

Les moments d’action et de tension, bien que rares, sont dans l’ensemble très réussis, notamment concernant la chorégraphie et leur mise en scène. La fin de l’épisode 6 est probablement le moment le plus marquant de cette saison.

Si tout fonctionne sur les points présentés ci-dessus, la suite peine à intéresser. Tout d’abord, les dialogues sont indigestes. Cela résulte un mélange sans saveur, sonnant comme du déjà-vu et à la limite du ridicule. Le tout se prend bien trop au sérieux et tout est prétexte à transmettre des informations « indispensables » aux spectateurs. Les moments de légèreté n’existent quasiment pas et nous empêchent de fait de nous attacher aux personnages, sauf rares exceptions. Alors qu’en même temps, on nous submerge de dilemmes moraux, de descriptions et de créations artificielles de liens durant toute la saison.

Tout cet étalage de dialogues insipides se retrouve renforcé par un casting extrêmement fourni. À la volée, on peut compter plus d’une vingtaine de personnages principaux. C’est beaucoup trop. En comparaison, Game Of Thrones amenait progressivement les nouveaux acteurs au fil des saisons. Ici, on découvre presque l’ensemble des protagonistes à la fin du troisième épisode. La série se décompose alors en une multitude de saynètes suivant chaque personnage à tour de rôle. On ne passe donc pas assez de temps avec eux pour s’y attacher. Et c’est dommage, car certains duos restent intéressants, comme Elrond et Durin (interprétés respectivement par Robert Aramayo et Owain Arthur, ou encore Nori et l’étranger (Markella Kavenagh et Daniel Weyman), mais pour les autres, aucun n’arrive à marquer le spectateur. Que ce soit Galadriel, incarnée par Morfydd Clark, possédant les dialogues les moins bien écrits de la saison, ou encore le personnage de Theo, simplement insupportable pour ne citer qu’eux.

De manière générale, le jeu d’acteur de la série est inégal. Certains s’en sortent plutôt bien (Elron et Durin par exemple), pour d’autres, ce n’est pas la même saveur. C’est particulièrement visible avec Galadriel, qui est impétueuse, arrogante et vindicative. Son interprétation se limite à froncer les sourcils et à être colérique. Son personnage échoue donc quelque peu à investir le spectateur sachant qu’elle est supposée être le porte-étendard de la série. Le scénario de cette saison prend trop de temps pour des dialogues insipides et n’avance donc que très peu au fur et à mesure des épisodes. Les moments d’action et de tension, bien que rares, sont dans l’ensemble très réussis, notamment concernant la chorégraphie et leur mise en scène. La fin de l’épisode 6 est probablement le moment le plus marquant de cette saison. En revanche, nombreuses sont les scènes à manquer d’enjeu et de crédibilité.

Cette série Seigneur des Anneaux est-elle un loupé ? Non, mais elle déçoit beaucoup, le scénario et les dialogues étant les points négatifs les plus importants. La technique, la mise en scène et la musique sauvent la mise. On reste tout de même sur notre faim après avoir terminé la saison. On a le sentiment d’avoir vu l’équivalent d’un prologue à une histoire contée. Une seconde saison à l’image de la première ne serait pas bénéfique pour la série. Elle promet certes beaucoup de choses, notamment avec le duo Nori et l’étranger ou avec Sauron, mais est-ce que le public répondra présent pour la saison deux prévue au plus tôt pour 2024 ? L’avenir nous le dira.

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SHOWRUNNERS :  Patrick McKay and J.D. Payne
NATIONALITÉ : Américaine
AVEC : Morfydd Clark, Markella Kavenagh, Robert Aramayo, Daniel Weyman
GENRE : Drame, Fantasy, Action, Aventure
DURÉE :  8 x 60 min
DISTRIBUTEUR : Amazon Prime
SORTIE LE 2 septembre 2022