Depuis plus de trente ans et donc la sortie de Jurassic Park (1993) de Steven Spielberg, les dinosaures se sont invités régulièrement au festin cinéphile. Six volets plus tard, non seulement ils sont toujours là mais se sont durablement installés dans le paysage. Septième chapitre de la franchise, Jurassic World ; Renaissance paraît commencer quelque chose de neuf, Il arrive après le bouclage de deux trilogies, celle de Jurassic Park autour de Jeff Goldblum, Sam Neill et Laura Dern, celle de Jurassic World centrée sur le couple Chris Pratt-Bryce Dallas Howard. Le sixième volet, Jurassic world : le Monde d’après réunissait même les cinq protagonistes principaux en guise de bouquet final (?). Le volet suivant devait témoigner d’un renouvellement ou d’un retour aux sources. C’est en effet le cas avec l’établissement d’un nouveau tandem aux commandes de la franchise, Scarlett Johansson et Mahershala Ali, d’un metteur en scène ayant déjà rénové des franchises antérieures, Gareth Edwards (Godzilla, Rogue One : A Star Wars Story) et surtout le retour du scénariste prodige David Koepp qui s’était occupé des deux premiers volets réalisés par Steven Spielberg:
Sept ans après la destruction d’Isla Nublar, les dinosaures, inadaptés à la flore et à la faune contemporaines, commencent à disparaître de la surface de la Terre. Une experte, Zora Bennett, est engagée pour mener une mission secrète. Son équipe doit récupérer l’ADN des trois plus grands dinosaures du monde regroupés sur la même île isolée. Zora et son équipe vont croiser Reuben Delgado et ses enfants, dont le bateau a chaviré. Tous vont se retrouver sur la même île renfermant le tout premier laboratoire du Jurassic Park de John Hammond où a été créée une espèce mutante jamais révélée à l’humanité jusqu’à aujourd’hui.
Jurassic World : Renaissance assène surtout un message, le danger des manipulations génétiques et une ligne scénaristique claire, le retour à l’île de départ. Impossible donc au spectateur y compris novice de se perdre dans le film, quel que soit le moment.
David Koepp est en effet le scénariste de quelques-uns des meilleurs films de Brian de Palma (L’Impasse, Mission : Impossible, Snake eyes), de David Fincher (Panic Room) et de Sam Raimi (Spider-Man). Il est surtout celui qui a écrit les deux premiers Jurassic Park, absolument fondateurs, mis en scène par Steven Spielberg. Récemment il est revenu en force en scénarisant les deux nouveaux Steven Soderbergh (Presence, The Insider) et sera au générique du prochain Spielberg, prévu en 2026, Disclosure. Il semble avoir compris une chose essentielle : les gens ne vont pas voir des films de la franchise pour le scénario! Aussi, faut-il concevoir quelque chose d’extrêmement simple et limpide. C’est le cas ici. Le scénario tient sur un papier à cigarettes : la mission des chasseurs de dinosaures et la traversée périlleuse de l’île par la famille de naufragés. Rajoutons quelques traumas et remords du tandem vedette et le compte y est.
Reconnaissons que la mayonnaise prend et que la recette fonctionne parfaitement. Là où d’autres films de la franchise s’égaraient en circonvolutions scénaristiques compliquées, Jurassic World : Renaissance assène surtout un message, le danger des manipulations génétiques et une ligne scénaristique claire, le retour à l’île de départ. Impossible donc au spectateur y compris novice de se perdre dans le film, quel que soit le moment. Les films de la franchise se résument surtout à un spectacle de Guignol, où on découvre l’existence ou la présence de dinosaures et où l’action se résume à vouloir y échapper. Rien de plus simple. Mais sur un écran large (celui du Grand Rex, par exemple, pour la projection de presse unique du film), avouons que le grand spectacle fait son effet. Gareth Edwards, habile metteur en scène, à défaut d’être original, manie ainsi parfaitement la profondeur de champ et les effets spéciaux de synthèse, pour mieux vous faire frissonner, sans trop de risques (le spectacle reste familial et bon enfant), et surtout sans sacrifier les protagonistes vedettes.
On a souvent tendance à oublier que, bien avant d’être l’étendard d’une politique des auteurs aujourd’hui de plus en plus contestée, le cinéma était aux tout débuts, le royaume de l’attraction foraine, le lieu où on accueillait les monstres, comme dirait Julia Ducournau. C’est bien ce qui se passe avec la franchise Jurassic Park, le public va voir les dinosaures pour prendre une bonne dose de frayeur, en retrouvant les origines du cinéma, art forain.
Par conséquent, en ayant un plaisir non négligeable à retrouver Scarlett Johansson, sa voix rauque, ses courbes affolantes de baroudeuse, qui débarque de l’univers des Marvel (une star hollywoodienne ne peut plus exister sans franchise), le public a le privilège de retrouver des sensations primaires mais essentielles d’enfant face au spectacle de l’impossible reconstitué.
RÉALISATEUR : Gareth Edwards NATIONALITÉ : américaine GENRE : fantastique, action, aventure AVEC : Scarlett Johansson, Mahershala Ali, Jonathan Bailey, Rupert Friend DURÉE : 2h13 DISTRIBUTEUR : Universal Pictures International France SORTIE LE 4 juillet 2025