Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles : nuances d’intimité

Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles est le nouveau film de la réalisatrice canadienne Lyne Charlebois, et le premier depuis son œuvre la plus connue, Borderline (2009). Le film retrace la relation hors du commun entre le religieux catholique et botaniste Marie-Victorin Kirouac et son élève, une jeune femme nommée Marcelle Gauvreau, dans le Montréal des années 1930.

L’histoire se déploie de manière chronologique, en s’appuyant sur la correspondance entre Kirouac et Gauvreau — seul vestige de cette relation émotionnellement intime, mais restée platonique. Le récit suit leur rencontre, puis leurs études botaniques communes et l’évolution de leur lien à travers conversations et lettres. Le film introduit cependant un second niveau narratif, en montrant que tous les événements de l’histoire ne sont qu’une mise en scène dans le cadre d’un tournage contemporain. Or, dans la réalité, les acteurs jouant les deux rôles principaux entretiennent eux-mêmes une liaison extraconjugale — une relation à peine moins problématique que celle qu’ils incarnent à l’écran.

Il est clair que Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles ne se limite pas au seul cas de Kirouac et Gauvreau, mais utilise plutôt cette relation remarquable comme déclencheur de la réflexion de la réalisatrice sur les enjeux romantiques contemporains.

Ainsi, le film raconte cette histoire extraordinaire de façon résolument réflexive sur le plan cinématographique. Alors que les personnages modernes ne sont entravés par aucun interdit comparable à ceux que connaissait Marie-Victorin en tant que religieux, leur relation n’en est pas plus prometteuse, et ne laisse guère espérer une fin heureuse. Cela conduit naturellement à une comparaison entre ces deux époques et les manières dont les relations amoureuses y sont vécues. Il est clair que Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles ne se limite pas au seul cas de Kirouac et Gauvreau, mais utilise plutôt cette relation remarquable comme déclencheur de la réflexion de la réalisatrice sur les enjeux romantiques contemporains. Et, de toute évidence, Lyne Charlebois a trouvé une structure narrative idéale pour porter son propos d’auteure.

Une méthode similaire est utilisée dans l’adaptation du roman de John Fowles, La Maîtresse du lieutenant français, avec Meryl Streep et Jeremy Irons (1981). Pour traduire les trois fins du roman en langage cinématographique, le film mêle la narration de l’époque victorienne à celle d’un tournage contemporain, et les relations entre les acteurs eux-mêmes. Dans ce cas, le procédé enrichit les personnages et éclaire leur complexité. Tandis que dans Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles, il déroute davantage le spectateur, en le poussant à la réflexion sans lui offrir de véritable point d’appui. Et bien que les échanges entre Marcelle et Kirouac abordent des sujets d’une modernité saisissante pour l’époque, les personnages eux-mêmes manquent d’ampleur — peut-être à cause d’un positionnement d’auteur qui reste trop prudent.

En définitive, Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles est un film tout en subtilités, doté d’une structure complexe, et dont la tendresse mélancolique — que ce soit dans la pâleur des images de Montréal ou dans le paysage émotionnel du récit — s’intègre avec justesse dans le cadre des relations amoureuses, aujourd’hui comme il y a cent ans.

3.5

RÉALISATEUR : Lyne Charlebois 
NATIONALITÉ :  Canada
GENRE : Drame
AVEC : Alexandre Goyette, Mylène MacKay, Rachel Graton
DURÉE : 1h 39min
DISTRIBUTEUR : Destiny Films
SORTIE LE 20 août 2025