Quelque part dans la Drôme, une falaise surplombe le tranquille lit d’une rivière. Alors que le soleil réchauffe les corps et les cœurs, les esprits, eux, bouillonnent : c’est les vacances, le temps des expériences. Avec À l’abordage, le cinéaste Guillaume Brac poursuit son travail sur les sentiments d’été, toujours à la lisière entre la fiction et le documentaire. Un cinéma lumineux où le réel transcende l’imaginaire, conférant à l’œuvre une énergie et une authenticité rare.
Un soir d’été, la musique anime un groupe de personnes le long de la Seine à Paris. Félix, souriant, rejoint la fête. Le hasard l’amène à rencontrer une jeune femme, Alma, avec qui le courant passe bien. Le lendemain, ils se réveillent ensemble dans un parc. Alors qu’Alma se prépare à partir en vacances dans la Drôme, Félix doit aller travailler, c’est déjà la fin de cette parenthèse enchantée. C’était sans compter sur le coup de foudre de Félix, qui décide de faire une surprise à Alma : en compagnie de ses amis Chérif et Edouard, il part lui aussi dans la Drôme. Après avoir annoncé son arrivée inopinée à la jeune étudiante, Felix comprend que les vacances ne vont pas se passer comme prévu.
De ce simple postulat naît une mosaïque de personnages qui gravitent autour de la conflictuelle romance entre Alma et Félix. On découvre ainsi Chétif, un grand ado qui se décrit comme un « galérien » de l’amour, et Edouard, un étudiant un peu gauche appartenant à une famille bourgeoise. Au fil des péripéties et rencontres, les trois amis vont se questionner, se chamailler et se dépasser. Bien qu’empruntant le chemin du buddy movie initiatique, À l’abordage aborde sous le trait de l’humour des questions de société : l’égalité des chances vis-à-vis des études ou encore le déterminisme social. Dans ce que l’on imagine une volonté de préserver le caractère solaire du film, la légèreté vient rapidement recouvrir les sujets préoccupants.
C’est dans l’instant présent, tantôt joyeux, tantôt mélancolique, que gît finalement toute la richesse du film : l’authenticité du moment. Il y a une volonté de capter les mouvements, que cela soit ceux des comédiens, ou des véritables touristes, habitants, et professionnels. Lors d’un karaoké organisé par le camping, la caméra accompagne l’éclosion d’un Edouard jusqu’ici réservé. Le temps d’une soirée, chacun trace la route qu’il souhaite, sans renoncements, libre d’être heureux.
Léger, drôle, sans prétention, À l’abordage ressemble à une douce brise d’été. Un film de rencontre, d’amitié, au beau milieu d’une chaude saison estivale : après plusieurs mois de confinement, c’est un plaisir dont on aurait tort de se priver.