On n’attendait pas grand’chose de ce nouveau Spider-Man. La faute en revient sans doute aux Amazing Spider-Man de Marc Webb, pas si amazing que cela, décevants et apparus bien trop tôt, juste après la trilogie de Sam Raimi. Néanmoins il fallait certainement réactiver ce personnage car Spidey joue un rôle déterminant dans les comics des Avengers. Dans Captain America: Civil War, c’est lui qui héritait ainsi de façon jubilatoire des meilleures scènes. Le prétexte était donc tout trouvé pour qu’il ait à nouveau sa propre franchise. On n’en attendait pourtant pas grand’chose. On avait tort. En un clin d’œil aussi rapide que Spidey décoche ses toiles d’araignée, Spider-Man Homecoming fait oublier les Amazing Spider-Man mous du genou et éclipse presque Tobey Maguire dans les films de Sam Raimi, ce que l’on aurait cru tout bonnement impossible.
Spider-Man : Homecoming diffuse une bonne humeur, une drôlerie et une énergie contagieuses, à l’image de son héros dont on attend la suite des aventures avec impatience.
Car loin des films de super-héros torturés selon le modèle nolanien, Jon Watts ressuscite ainsi le film de super-héros pop et fun, parfait divertissement du samedi soir. Il y réussit en effectuant un changement total de point de vue: pas de retour sur les origines de Spider-Man qui rendait The Amazing Spider-Man si fastidieux. Toute la franchise est revue de façon pop, selon des détails signifiants: cette fois-ci, Spidey ou plutôt Peter Parker a 15 ans ; sa tante May est une bombe sexy italienne (l’irrésistible Marisa Tomei) ; sa petite amie n’est plus Mary-Jane, une WASP blonde mais Liza, une jeune métisse (bon point pour la diversité) et enfin son antagoniste n’est autre que Michael Keaton, assez sobre et inquiétant dans de beaux moments de tension, ce qui s’avère assez cocasse, vu qu’il a interprété il y a une éternité (26 ans pour les nostalgiques) le personnage de Batman. Jon Watts vient du cinéma indépendant (Clown, Cop Car) et cela se sent dans sa façon iconoclaste de considérer le comics. En changeant de point de vue, – Spider-Man cherche à s’intégrer cette fois-ci à l’équipe des Avengers-, Spider-Man : Homecoming ne raconte plus du tout la même histoire. Alors que la trilogie de Raimi tournait autour de la problèmatique de l’identité de super-héros à assumer, cette fois-ci, Spider-Man doit surtout faire ses preuves en tant qu’adolescent dans un monde d’adultes et à gagner une maturité qu’il est difficile d’acquérir. Cette thématique est discrètement affichée, si discrètement que des spectateurs peu attentifs l’auront sûrement négligée. Elle existe néanmoins et fait tout le prix de Spider-Man : Homecoming pour le hausser au-dessus du simple divertissement formaté pour fans basiques de blockbusters.
De plus, au rayon des scènes spectaculaires, ce film remplit largement son contrat. On citera au passage deux morceaux de bravoure concernant une tour et ensuite un ferry coupé en deux, où l’énergie cinématique de Spider-Man fait merveille. Mais Jon Watts n’oublie pas de traiter avec humanité la partie lycée de son histoire, à la manière de John Hugues, avec les groupes, les parias, les nerds, etc. Il crée ainsi un merveilleux personnage d’ami du héros, le type même du « gros plein de soupe », reflet du cinéphile frustré, qui donne toute sa crédibilité au film. Néanmoins, loin d’être frustré, ce personnage répand ici de la joie autour de lui, en nerd accompli. Tout comme Spidey qui trouve peut-être en un Tom Holland, dynamique, bondissant et rafraîchissant sa meilleure incarnation. Par beaucoup de jolis détails (le journal intime vidéo du début, la tenue au rabais de Spidey, les campagnes de pub de Captain America, etc.), Spider-Man : Homecoming diffuse une bonne humeur, une drôlerie et une énergie contagieuses, à l’image de son héros dont on attend la suite des aventures avec impatience.